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COLONIE DE VACANCES A MAHANORO du 16 au 20 Juillet 2007
Préambule :
Le 30 avril 2007, Sr Agathe, Victoire, Clarisse et Henriette sont allées avec Christine sur la côte Est (la plus proche du village, à 250 km, bourg de Vatomandry) pour étudier les possibilités d’organisation d’une colonie de vacances au mois de Juillet.
Parties vers 7H du matin, nous sommes arrivées dans l’après midi et avons tout de suite contacté les "Sœurs de la Sagesse" qui tiennent une école sur place. Hélas, à cause des cyclones de 2006, les plages sont encore abîmées et nous avons pensé qu’il valait mieux trouver une autre destination.
Les Soeurs nous ont conseillé de poursuivre notre prospection vers le Sud. Nous avons donc continué notre route sur 40 km jusqu’au village d’Ilaka-Est. Comme la nuit était déjà tombée, nous avons dormi sur place chez les "Sœurs de Marie Réparatrice".
Avec elles, nous avons vu que là non plus, il n’était pas possible d’organiser quelque chose, la plage étant trop éloignée.
Le 1er mai, nous sommes parties 80 km vers le Sud jusqu’à la petite ville de Mahanoro. Sur place, nous avons pu nous mettre d’accord avec la mission catholique des "Pères Oblats de Marie" pour organiser l’hébergement au mois de juillet.
De retour à Ambohitsoabe le soir même, les Sœurs ont décidé de fixer à une vingtaine le nombre d’enfants pouvant participer à cette colonie de vacances. Ce nombre qui peut paraître peu élevé a été retenu dans la mesure où c’est la première expérience de colonie organisée par l’école.
Pour le choix des enfants, les sœurs ont proposé des enfants issus des familles les plus pauvres de l’école. Les familles ont été contactées et elles ont toutes accepté.
Les frais ont été entièrement pris en charge par l’école, grâce aux fonds collectés par le biais de l’Association Sourire Malgache.
Au total, 23 enfants sont partis avec nous :
1.Alberto (11 ans, classe de 7ème) :
Les parents d’Alberto étaient des commerçants qui gagnaient bien leur vie jusqu’en 1998/99. Un jour, leur magasin a été attaqué par des brigands qui ont tout pillé et gravement blessé le père de famille. Trois mois plus tard, le père est décédé suite à cette agression. Depuis, le niveau de vie de la maman et de ses 3 enfants ne fait que se dégrader de jour en jour.
2.Rojo (15 ans, classe de 6ème) :
Rojo est le fils de la dame qui s’occupe de la cantine à l’école. Le père de famille est parti depuis 6 ans sans laisser d’adresse.
3.Andry Herizo Rudi (11 ans, classe de 7ème) :
Andry est l’ainé de 5 enfants dont le père est incapable de prendre des initiatives et de s’organiser pour travailler. C’est donc la mère qui donne les consignes de travail mais elle est tombée malade il y a 2 ans et par conséquence la famille est actuellement extrêmement pauvre.
4.Sandy (13 ans, classe de 7ème)
Sandy est le fils de Mr Marcel, enseignant au collège et catéchiste de la paroisse. Père de 6 enfants, ce dernier a acheté 1 tonne de pommes de terre lors de la récolte de Juin 2006. Il l’a livré à un marchand installé sur la côte Ouest (Mahajanga) mais originaire de son village. Jusqu’à ce jour, ce commerçant ne lui a pas payé les marchandises.
5.Elysé (15 ans, classe de 5ème)
Les parents d’Elysé n’ont pas les moyens de payer ses frais de scolarité. Pour les payer, Elysé travaille donc presque toute l’année les nuits du lundi au mardi (jour du marché de la commune) pour gagner l’argent nécessaire.
6.Jean-Louis (13 ans, classe de 6ème)
Jean-Louis est issu d’une famille de 12 enfants. Les 4 aînés sont bûcherons avec leur père et vivent la plupart du temps dans la forêt.
7.Léon Michel (13 ans, classe de 6ème)
Léon est le fils de Mr Justin l’un des ouvriers charpentier de l’école. Avant de travailler pour les Sœurs, Mr Justin a été trompé plus d’une fois par des gens de Tana et a risqué la prison à cause de sa naïveté.
8.Stéphane René (15 ans, classe de 4ème)
Le père de Stéphane est mort dernièrement, après 3 ans de maladie. Les soins ont ruiné la situation financière de la famille.
9.Sitraka (15 ans, classe de 4ème)
Sitraka est le fils de Mr Georges, instituteur en classe de 7ème. C’est le 3ème enfant d’une famille qui en compte 7. Mr Georges est en conflit avec deux de ses frères qui n’ont pas acceptés la répartition de l’héritage de leur père. Ils l’ont assigné au tribunal ce qui lui prend beaucoup de temps et d’argent.
10.Mamisoa Haja (14 ans, classe de 5ème)
La maman de Mamisoa est morte il y a 3 ans. Son père est parti vivre avec une autre femme et il reste donc seul à la maison.
11.Jafara (17 ans, classe de 6ème)
Jafara est le dernier de 12 enfants. Son père est mort depuis 7 ans et il vit avec sa mère qui n’a pas de terrain à cultiver. Ils ont beaucoup de mal à gagner leur vie.
12.Hasimanjaka (17 ans, classe de 6ème)
Il y a 3 ans, Hasimanjaka a travaillé chez un forgeron pendant les vacances pour essayer d’aider financièrement ses parents. Une étincelle l’a blessé et depuis il a perdu l’usage d’un œil.
13.Laurent Andry (17 ans, classe de 5ème)
La maman de Laurent s’est suicidée lorsqu’il avait 2 ans. Son père alcoolique était très malade et il est décédé pendant la colonie de vacances, le mercredi 18 juillet.
14.Julien (15 ans, classe de 6ème)
Julien, issu d’une famille de 12 enfants, est fils de bûcheron. Avant de partir en colonie, il n’avait encore jamais voyagé en voiture. Quand nous avons proposé à sa maman de l’emmener, elle se posait pleins de questions : "Est-ce qu’il n’aurait pas peur ? Est-ce que ses camarades ne se moqueraient pas de lui ? Est-ce qu’il supporterait le voyage ?" Mais ils ont accepté et tout s’est très bien passé.
15.Rado (14 ans, classe de 6ème)
Rado est le fils d’un fabriquant de briques à qui l’école passe ses commandes.
16.Mickaël (11 ans, classe de 7ème)
Le père de Mickaël a exercé plusieurs métiers (cultivateur, menuisier, marchand de bijoux) mais a échoué dans toutes ses tentatives. Actuellement, il est sans activité avec ses 6 enfants.
17.Baptistine (11 ans, classe de 7ème)
Le père de Baptistine est fou et ne peut donc pas travailler. C’est sa maman qui assure avec difficulté les revenus du foyer.
18.Joro Eugénie (15 ans, classe de 7ème)
Joro n’a jamais connu son père et sa maman est simple d’esprit. Elle a de grosses difficultés scolaires mais la Directrice la garde car cela lui permet d’avoir au moins un repas complet une fois par jour à la cantine.
19.Onja Gorette (13 ans, classe de 7ème)
C’est la fille d’un marchand de beignets qui ne sait pas calculer son prix de revient et qui fait souvent plus de pertes que de bénéfices. C’est lui et sa femme que la directrice engage lors de la fête de l’école ou autres événements pour la confection des beignets de toutes sortes.
20.Adeline (15 ans, classe de 6ème)
Fille de bûcheron, elle vient à l’école plus pour faire plaisir aux sœurs que par motivation.
21.Sabine (15 ans, classe de 6ème)
C’est la fille d’un des fabricants de briques à qui les sœurs s’adressent lors des constructions de l’école.
22.Onja Viviane Stella (16 ans, classe de 6ème)
C’est la fille du livreur de sable qui travaille avec l’école.
23.Rynah (18 ans, classe de 3ème)
Rynah est la nièce de Sœur Victoire. Elle n’est pas élève de l’école. Elle s’occupait depuis plusieurs années de sa grand-mère chez qui elle habitait. Malheureusement, celle-ci est décédée au mois de mai dernier.
Après la présentation des participants, voici le résumé de notre séjour :
Lundi 16 juillet 2007 :
Rendez-vous est pris avec les enfants à 6h00 du matin. Bien sûr, ils sont tous arrivés en avance, la plupart accompagnés de leurs familles. Comme toujours, c’est nous qui ne sommes pas tout à fait prêtes.
Pour le transport jusqu’à Mahanoro, nous avons loué deux minibus mazda 19 places. Le chargement des bagages commence : comme tout est en général plus cher sur la côte Est, nous partons avec le riz de la semaine (70 kg environ), les légumes, quelques fruits, lait en poudre, cacahuètes pillées, goûters, … A cela s’ajoutent les couvertures, les assiettes, les couverts, les bols, … Il y a aussi le repas du midi que nous avons fait cuire la veille.
A 8h, c’est le grand départ. Au total, nous sommes 36 : 23 enfants (8 filles, 15 garçons), 6 sœurs, 3 enseignants du secondaire (Melle Lynah, Mr Félicien et Mr Salomon), une cuisinière, 2 chauffeurs et moi.
Le voyage commence par deux heures de piste jusqu’à ce que l’on rejoigne la RN 2. Tout se passe bien mis à part quelques enfants qui ont du mal à supporter la voiture ("sachet ma sœur !!!").
Première halte à Moramanga peu avant 11h. Nous en profitons pour acheter du sucre et du pain. Nous prenons aussi un petit goûter.
Peu avant d’arriver à hauteur d’Andasibe, c’est la pause pique-nique. évidemment, elle se termine sous la pluie. Le reste du trajet se passe tranquillement au rythme des "sachets, s’il vous plait" et des pauses diverses et variées, notamment pour acheter des régimes entiers de bananes excellentes et très bon marché.
Nous arrivons enfin à Mahanoro peu avant 19h à la nuit tombante et sous la pluie. Pour cette 1ère nuit, nous ne pouvons pas être hébergés comme prévu car le groupe qui aurait dû partir le matin a décidé de rester une journée de plus. Nous sommes donc installés dans des salles de classe.
Le déchargement des bagages s’effectue sous la pluie et il faut rapidement commencer à faire cuire le riz. Ce n’est pas si simple car nous devons trouver du bois pour allumer le feu et comme il pleut, c’est dur de trouver du bois sec !!! Enfin, avec un peu d’obstination, on y arrive. Donc, repas rapide puis dodo.
Mardi 17 juillet :
Réveil à 7h pour les enfants. Petite séance de gymnastique puis petit déjeuner (riz avec cacahuètes pillées et bol de lait). Nous avons formé 3 équipes qui se partagent les tâches quotidiennes : service des repas, épluchage, vaisselle, ménage des chambres et des sanitaires, préparation des prières et des veillées.
Cette 1ère matinée sera consacrée à l’installation des affaires car l’autre groupe est enfin parti. Nous avons à notre disposition une cuisine, une salle pour les repas et les veillées, ainsi que 3 pièces faisant office de dortoir pour les enfants. Elles sont aménagées avec des nattes et des matelas au sol.
En fin de matinée, nous allons enfin voir la mer. Pour la majorité des enfants, c’est la 1ère fois. Ils sont émerveillés et un peu craintifs à la fois. Le 1er contact est donc prudent : on se mouille juste les pieds et les mollets pour les plus hardis.
Nous déjeunons sur la plage puis les activités de l’après midi sont laissées au libre choix de chacun : foot, sieste, dominos, uno, ballade sur la plage, rencontre avec les pêcheurs, …. Bref, c’est les vacances.
Retour en fin d’après midi, douche, repas et veillée : jeux divers et danses. Coucher vers 21h30.
Mercredi 18 juillet :
Réveil à 6h30, gymnastique, petit déjeuner, petits travaux puis départ par équipe pour une découverte de la ville de Mahanoro. On se renseigne sur le nom du maire, sur le nombre d’habitants, sur les activités économiques, bref on s’instruit. Retour pour le déjeuner. L’après midi, nous partons vers le Sud pour une plage de sable fin à environ 30 minutes de marche. En chemin, nous rencontrons des pêcheurs qui rentrent avec leurs pirogues. Nous admirons les poissons qu’ils ont attrapés. Ils nous expliquent aussi comment ils chassent les requins (qu’ils peuvent revendre très cher) avec leurs frêles embarcations.
Aujourd’hui, les enfants deviennent plus audacieux avec la mer. Ils passent leur après midi dans l’eau à jouer avec les vagues. L’eau est plus chaude qu’en Bretagne même si nous sommes actuellement en hiver. Certains enfants ramassent des coquillages qui serviront pour les activités manuelles, d’autres essayent d’attraper des crabes.
En fin d’après midi, la pluie nous pousse à rentrer tranquillement. Jusqu’à l’heure du dîner, les enfants sont occupés par les activités manuelles : collage de coquillages, confection de fleurs en papier. Ils ramèneront cela comme souvenir à leur famille. Ensuite, dîner, veillée et dodo.
Ce mercredi est marqué par une mauvaise nouvelle. La directrice vient d’apprendre que Laurent Andry, un élève de 5ème, vient de perdre son père. La famille demande que l’on ne prévienne pas le garçon pour ne pas gâcher le séjour. Pour Sr Henriette, il semble difficile de faire rentrer l’élève par taxi brousse plus tôt sans lui en donner la raison. Nous décidons donc de ne rien dire pour l’instant.
Jeudi 19 juillet :
Dernière journée sur place. Les enfants ont demandé à retourner passer l’après midi sur la même plage que la veille. Ils veulent profiter au maximum de la mer.
Au programme de la matinée, marché pour rapporter les traditionnels "voandàlana" (fruits de la route). En général, chaque enfant a reçu un peu d’argent de poche de sa famille pour acheter quelque chose en souvenir. Cependant, certains enfants n’ont rien et nous décidons de leur donner un peu pour qu’ils puissent aussi faire leur marché. Sur place, ils achetent des chapeaux mais surtout des noix de coco, des corossoles, des pôkanela, des mokotro, en d’autres mots des fruits divers et variés.
Une fois le marché terminé, nous poursuivons les activités manuelles de la veille jusqu’à l’heure du pique nique. Après la vaisselle, nous partons pour la plage. Aujourd’hui, les vagues sont particulièrement fortes mais les enfants sont prudents et ne s’aventurent pas trop loin du bord.
Retour en fin d’après midi, un peu de nostalgie dans l’air : les enfants sont à la fois tristes de rentrer mais aussi heureux de retrouver leur famille qu’ils ne quittent pas si souvent que ça. A leur retour, ils diront que c’était la fête tous les jours, surtout lors des repas. Il faut dire que comme la viande de porc et le poisson séché étaient bon marché à Mahanoro, nous en avons bien profité. Cela change du manioc, des pommes de terre et des brèdes. En plus, il y avait les goûters (matin et après midi) et les bonbons. Bref, beaucoup de bons souvenirs.
En rentrant de la plage, en attendant le repas, certains terminent leur ouvrage en coquillages pendant que d’autres font des jeux.
Pour les sœurs, un problème se pose. L’enterrement du père de Laurent est prévu à 15h le lendemain. Que faire ? Il est convenu de fixer le départ à 3h du matin pour pouvoir y assister. Donc, pendant la dernière veillée, alors que les enfants particulièrement excités dansent joyeusement, le Maman de Rojo et Sr Victoire s’occupent de faire cuire le riz et les légumes pour le petit déjeuner et le repas du lendemain. Les enfants, n’étant pas au courant du drame qui touche leur camarade, en profitent jusqu’au bout et c’est donc dans une grande euphorie que chacun range ses affaires. Une fois les enfants couchés, nous nous occupons du rangement du matériel et du nettoyage des locaux. Vers minuit passé, tout est prêt. Réveil à 2h et chargement des bagages sous la pluie. Nous partons comme prévu à 3h et les enfants ne tardent pas à se rendormir. Nous faisons la pause petit déjeuner vers 8h, toujours sous la pluie. La route se poursuit sans encombre et nous arrivons vers midi au village. Nous servons rapidement le repas aux enfants qui sont fatigués et pressés de rentrer chez eux raconter leurs vacances. Ce n’est qu’en fin de repas que la directrice annonce la mauvaise nouvelle à Laurent. Nous partons alors en 4x4 pour l’enterrement avec quelques enfants. Les autres ont juste le temps de faire une petite quête pour la famille comme il est d’usage à Madagascar.
Heureusement, nous sommes arrivés avant la mise du corps dans le linceul. La famille n’espérait plus voir arriver Laurent à temps. Sr Henriette offre un nouveau linceul pour le frère de Laurent qui est décédé il y a 4 ans du palu alors qu’il était élève de l’école. Après les prières, les discours et la mise au tombeau, nous rentrons bien fatigués à la maison.
Voilà, le récit de notre première colo s’achève là. Du goût de tous, cela a été trop court !!! Malgré la fatigue, la Communauté est unanime, il faut recommencer l’année prochaine.
Alors encore un grand MERCI à tous ceux qui nous ont permis de réaliser ce rêve pour les enfants.
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